Avertissement pour le lecteur.
Les sutras de Patanjali sont des petites maximes, prônant un mode de vie, qui permettent d’atteindre « une paix mentale, profonde et sans limites », autant dire à la santé et la joie.
Son enseignement d’une modernité étonnante ne contient aucune obligation. C’est toujours le pratiquant qui choisit. Patanjali se contente de commenter les conséquences de nos comportements. Si l’on fait comme ceci, voici ce qui arrive… Mais nous gardons toujours le choix de faire ou de ne pas faire. Son but est de nous emmener vers une responsabilité totale de notre vie entière, conséquence de nos choix. L‘évolution dans la compréhension de ce qu’il nous annonce comprend plusieurs étapes. Dans la première, nous découvrons de nouvelles façons d’agir. Bien souvent ça nous dérange. Combien de fois, moi le premier ou des élèves, avons-nous été exaspérés par ses propos. Puis, dans notre quotidien, nous rencontrons des événements qui nous font dire : « Tiens, ce qui arrive, c’est ce qu’il a décrit dans un sutra. » Puis, un jour, on se rend compte que la nouvelle attitude préconisée est bien plus agréable, bien plus positive, bien plus joyeuse à expérimenter que notre ancien conditionnement auquel on était accroché.
Je vous souhaite une bonne lecture.
La société véhicule des âneries étonnantes.
Parmi les plus nombreuses, il y a ce mythe concernant celui de l’argent.
En discutant, d’un ami commun, qui fait une dépression, mon interlocuteur m’affirme : « Comment peut- il déprimer avec tout l’argent qu’il a ? », comme si le fait d’avoir de l’argent était l’assurance d’une vie heureuse !
Une connaissance me disait que son frère dirigeait six sociétés, qu’il roulait en Ferrari qu’il avait donc « réussi dans la vie ! ». Poussant un peu plus loin, je lui demandais de me parler de sa famille. « Il a une femme, et une fille de vingt-sept ans, mais ne les voit jamais et elles en souffrent ». On peut se demander à quoi rime de fonder une famille ? Le mariage et la paternité peuvent être considérés comme un contrat dans lequel on s’engage à faire son possible pour rendre les autres heureux. On peut très bien comprendre que son but soit d’accumuler le plus possible de biens, mais alors pourquoi a-t-il donné l’espoir à deux personnes en laissant croire qu’il serait disponible.
Jean-Louis Servant Schreiber n’hésitait pas à dire : « C’est celui qui a le plus de jouets quand il meurt, qui a gagné ».
L’autre question qui me venait naturellement à l’esprit :
« Au terme de sa vie, quelle impression laissera-t-il de son passage sur terre ? Et lui, avant de mourir, aura-t-il une sensation de plénitude, de réalisation, en évoquant sa Ferrari ou son hélicoptère ?
Il n’empêche que la majorité de la société est en admiration devant ces personnes. Il y a une grande différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie.
Autre ânerie très prisée de la société depuis des siècles,
le mythe de la princesse ou du prince charmant. Beaucoup espèrent, attendent que Alessandra Ambrosio ou Georges Clooney, frappent à leur porte et leur proposent : « Je t’emmène en week-end. » Alors, qu’en général ces personnalités ont un tel ego que nous ne pourrions pas les supporter plus d’un après midi. Mais ça ne fait rien, nous sommes tous à rêver d’une telle rencontre.
Je lisais dans un article que, sur terre, il y aurait plusieurs milliers de personnes avec lesquels nous pourrions être en parfaite harmonie. Existe-t-il vraiment des bons ou des mauvais numéros ?
Combien de fois entendons-nous : « On n’est pas fait pour s’entendre » (Joe Dassin)
Dans tous les domaines, pour faire le bon choix, il faut avoir une réelle connaissance du problème. Ce qui modifie notre perception nous trompe. Les conditionnements en sont un parfait exemple.
Un de nos professeurs avait un élève qui s’était marié quatre fois.
Ces quatre mariages avaient tous été désastreux.
Comme souvent tout avait débuté par un coup foudre et quelques années après tout s’était lamentablement terminé.
Il se désespérait. Alors, notre professeur lui a demandé d’apporter, la semaine suivante, les photos de ses compagnes ainsi qu’une une photo de sa mère. Il arrive avec les photos. Notre professeur étale, côte à côte, les cinq photos sur la table. Quelle n’est pas la surprise de son élève quand ce dernier constate que les photos de ses compagnes ont toutes une ressemblance avec celle de sa mère. Notre mental travaille par similitude et comparaison. Si, à une époque de notre vie, nous avons vécu une situation agréable, chaque fois qu’un élément présent ressemble à un élément de cette période, notre mental nous attire dans cette direction partout ce que ça lui rappelle. Mais comme cela reste une comparaison, très rapidement, il déchante.
Après, pour se disculper, il va se justifier derrière un tas d’excuses mettant fréquemment les torts sur l’autre. La personne était ceci, la personne était cela…
La réalité est tout simplement qu’il n’a pas trouvé ce à quoi il s’attendait.
Un de mes élèves avait conscience d’être attiré par un type de femmes. Il était capable de décrire sa silhouette qui « le faisait flipper ». Je lui demandais si dans une période de sa vie, il n’avait pas rencontré une personne ressemblant à son fantasme. Il ne trouvait rien.
Quinze jours plus tard, il me dit : « alors là, c’est incroyable. » Je me suis souvenu que nous allions en vacances, mes parents et moi, à Serre-Chevalier. J’avais 15 ans. Pendant plusieurs années, j’ai côtoyé sur les pistes, une fille, qui avait la même coupe de cheveux, le même type de visage, que toutes ces personnes qui m’attirent.
Ah que j’étais amoureux ! mais, à l’époque, je n’ai jamais osé lui parler.
Nos conditionnements ne sont que des illusions.
La plupart des personnes qui ont vécu le coup de foudre sont après un certain temps, très étonnées : « mais comment ai-je pu aimer à ce point ? » C’est tout simplement qu’au début, ils percevaient la personne comme leur mental leur faisait apparaître, mais qu’après quelque mois de vie commune, c’était tout simplement la réalité qui reprenait le dessus.
Nous retrouvons la même cause pour un autre fantasme. Une élève était désespérée. Son mari ne pouvait s’empêcher d’avoir des relations extra conjugales. Finalement, ne pouvant plus supporter cette situation, ils s’étaient séparés.
Lorsque, à l’âge de la puberté, un garçon a une importante sollicitation hormonale qu’il ne peut assouvir, soit par timidité, par des interdits religieux ou culturels, il se crée en lui une frustration. Plus tard, cette frustration va resurgir et se manifestera par un manque. Si la personne (homme ou femme) n’accomplit pas un travail de contentement, si à chaque rapport intime, elle n’apprécie pas mentalement ce qu’elle vient de recevoir, elle sera toujours dans le manque. Ca sera indépendant du nombre de rapports qu’elle aura.
vie amoureuseLe phénomène est identique concernant l’argent.
Lorsque nous vivons à travers nos conditionnements, nous vivons dans la méprise.
Une de mes élèves à vécu une relation homosexuelle à dix-huit ans.
Trente années s’étaient écoulées mais elle vivait encore dans le fantasme de ce qui s’était passé quand elle était lycéenne. Elle s’était mariée mais ne vivait pas avec son mari. Mentalement, elle était avec sa compagne. Sa vie de couple était catastrophique. Dans un premier temps, nous avons fait un travail pour modifier la vision idyllique de quelque chose qui n’existait plus.
Si l’on veut s’épanouir dans une vie amoureuse positive, il faut tuer le mythe de la princesse ou du prince charmant. Tous les petits garçons et toutes les petites filles qui ne s’en libèrent pas, seront plus tard, des adultes conditionnés par l’histoire de la Belle au bois dormant. L’idéal féminin ou masculin n’existe que dans les histoires. La vision qu’ils donnent du rapport avec l’autre n’est ni saine ni souhaitable.
Avons-nous déjà connu ou côtoyé une personne qui était là pour combler tous nos désirs, que ce soit un amoureux ou un parent ? Que s’est-il passé lorsque à 16 ans notre papa s’est proposé de nous accompagner en boîte de nuit ou notre maman d’assister à notre première surprise partie ? Même si nous rencontrions cet être rêvé, très rapidement ça nous énerverai et nous ne pourrions plus le supporter.
Si nous rêvons tous de la femme ou de l’homme idéal, nous ne les rencontrons jamais et pourtant… c’est ce que nous espérons tous dans un coin caché de notre mental.
L’amour pour qu’il se réalise, pour qu’il grandisse comme une plante, il doit être nourri.
Ce sont les petites attentions, les petites gentillesses qui vont nous mener à un amour plus profond. C’est également le partage qui nous fait grandir mutuellement.
Nous étions avec des amis avec des amis sur la Côte d’Azur. Mon ami essaie une chemise et devant tout le monde son épouse s’exclame : « T’es trop moche pour porter ça ! »
Un matin au petit déjeuner, elle fait brûler les croissants. Son mari hurle : « connasse ! »
Ces personnes s’imaginent-elles que c’est ainsi qu’elles vont trouver l’amour ?
Le mental enregistre tout. On croit que l’on corrige l’autre, mais notre mental se forme une idée lui aussi. Ce qui va ressortir sera strictement ce qui est entré. Comme l’image de la jeune skieuse avait été enregistrée par le garçon, elle est ressortie. Ce que nous exprimons de la personne avec laquelle nous vivons, c’est comme cela que nous la ressentons.
C’est nous qui créons la sensation que nous recevons de l’autre. Je ne ressens pas l’autre agréablement parce qu’il est gentil, ou désagréablement parce qu’il est méchant, je le ressens comme je le pense.
Je discutais avec une amie, d’une femme que j’avais connue et dont la vie avait été détruite par sa mère.
Soixante ans plus tard, elle aime toujours profondément sa mère. L’image qui l’habite, ce n’est pas sa mère qui lui a donnée, c’est sa fille qui l’a créée et qui ne l’a jamais remise en question.
Je suis toujours étonné, de voir certains jeunes/vieux couples, reconstitués.
On s’attendrait à les voir main dans la main, plein d’attentions l’un pour l’autre, complices. Tant qu’à recommencer, autant le faire dans des conditions idéales. Qu’entendons-nous la plupart du temps : des réflexions acides, des reproches, des critiques exactement comme avant…
Bien entendu pour trouver l’amour, il est préférable de partir sur de bonnes bases.
On peut modifier le ressenti que l’on a de n’importe qui, même de son bourreau. C’est plus facile lorsqu’il y a des affinités, des goûts communs.
Surtout ne pas faire comme cette jeune fille qui a choisi un mari pour embêter sa mère. Ou celle-ci qui a choisi son mari sur le seul critère qu’il portait des souliers cirés. Eh oui, parier entre copines, sortir avec le premier garçon qui aurait des chaussures cirées et le prendre comme mari !!!
J’ai eu une élève qui était toute mince, qui avait toujours froid et qui adorait lire. Elle s’est mariée avec un monsieur qui pesait plus de 100 kg, qui n’aimait que la chasse aux sangliers et les repas qui suivaient entre copains !!! Quel paradoxe.
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Un rapport affectif harmonieux se cultive.
De même, ce qui est laissé à l’abandon dépérit, décline, se dégrade, qu’il s’agisse du corps, d’une relation, d’un jardin… Tout demande de l’entretien, de l’énergie, de la vigilance, des efforts et ce au quotidien.
L’énergie et l’enthousiasme de la première rencontre sont déterminants.
Mais après un certain temps, on se doit de maintenir cette énergie à haut niveau. Être conscient que je ne suis pas avec la princesse ou le prince Charmant mais que, moi non plus, je ne suis ni l’un ni l’autre. L’autre qui est faillible, tout autant que moi. Les petits bisous, les petites attentions, les mots gentils doivent perdurer dans le temps.
Une belle histoire
Divorcé depuis quelques années, il rencontre une dame. Ils sympathisent. Physiquement elle n’était absolument pas à son goût, mais elle était d’une extrême gentillesse. A l’époque, un rapport affectueux lui manquait terriblement. Ils se retrouvèrent régulièrement. Un jour ils sont allés un peu plus loin. D’un côté elle lui apportait ce qui lui manquait, mais d’un autre côté ce n’était pas l’idée qu’il avait de l’amour. Il a continué à la fréquenter sans pour autant rêver à autre chose. Il se sentait bien avec elle. Chaque fois qu’elle faisait quelque chose qu’il aimait, il appréciait et manifestait son contentement en lui disant « J’aime beaucoup ce que tu fais pour moi. » Petit à petit l’affection a grandi. Un jour, il la trouva ravissante.
Tout comme la personne dont nous ne voyons que les défauts nous apparaîtra désagréable, la personne dont nous apprécions les qualités nous sera agréable.
Bien entendu on peut tomber sur compagnon irascible. Il n’y a aucune obligation de rester avec quelqu’un qui nous dénigre et ne nous respecte pas.
C’est au tout début ou j’étais professeur de Yoga. Je développais comme aujourd’hui les principes du Yoga Sutra de Patanjali. Un jour, je reçois une lettre d’une dame :
Bonjour,
Je suis madame Isabelle …. votre élève en Yoga.
En rentrant à la maison, tous les soirs, je prends des coups, je suis dans la peur en permanence, mon conjoint est d’une violence inouïe envers moi.
Par vos conseils, vous m’avez donnée le courage de m’échapper de cet enfer dans lequel je me trouve.
Vous ne me reverrez jamais.
Du fond de mon cœur je vous dis merci…
Il est certain que parfois les situations sont dramatiques et les décisions loin d’être évidentes.
Aussi souvent que nous le pouvons,
remarquons les gentillesses que nos proches nous font, même dans les actions les plus simples. Ça ne coûte vraiment pas grand-chose que de dire : « tiens ta sauce est bonne, merci de m’avoir fait le plein d’essence, j’apprécie que le petit déjeuner soit prêt… »
Et puis n’oublions pas en ce 14 février,
journée commémorative de l’amour, que la personne qui doit-être le plus aimée, c’est nous-même. Scientifiquement il est prouvé que les personnes qui ne s’aiment pas ne peuvent pas aimer les autres. Elles auront du mal à savoir ce qu’est l’amour.
Commençons par sourire. Qu’y-a-t-il de plus beau qu’une personne qui est dans la joie ? Qu’y-a-t-il de plus beau qu’une femme qui prend du plaisir dans l’amour ?
Prenons aujourd’hui une ferme résolution : celle de ne plus se dévaloriser et abandonnons-les “Je ne sais pas, je ne peux pas, je n’y arrive pas ! ».
S’aimer, c’est se reposer lorsque l’on est fatigué, c’est ne pas se forcer à manger lorsque l’on n’a pas faim, c’est aussi ne pas prendre de produits dommageables. C’est ne pas dire oui lorsque l’on a envie de dire non.
Bonne Saint Valentin
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